Ce 4 avril, les experts du groupe III du sixième rapport du GIEC rendaient leurs travaux. Le cap de 0 émission de gaz à effet de serre en 2050, de façon à garder la possibilité de limiter le réchauffement à 1,5 °C à horizon 2100, passe prioritairement par la sobriété.
Des options d’atténuation appropriées dans le secteur agricole, forestier et des autres affectations des terres peuvent générer des réductions conséquentes d’émission et d’absorption de CO2.
Des options d’atténuation appropriées dans le secteur agricole, forestier et des autres affectations des terres peuvent générer des réductions conséquentes d’émission et d’absorption de CO2. Mais ces capacités de stockage ne peuvent compenser les retards de mise en œuvre d’actions efficaces dans les autres secteurs. Et le changement climatique pourrait engendrer des problématiques de production altérant la sécurité alimentaire. La concurrence sur l’usage des terres serait exacerbée au détriment des espaces naturels, alors que la biodiversité par ses services écosystémiques est une source à l’adaptation au changement climatique.
L’examen profond des dimensions socioculturelle et comportementale est une nouveauté dans les rapports du GIEC. L’atténuation passe aussi par des modifications des comportements individuels. De bonnes mesures axées sur la demande passent par la sensibilisation et l’éducation des consommateurs. Ils sont un levier puissant. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre pourraient être réduites de 40 à 70 % d’ici 2050 par des modifications des usages de l’énergie et cela avec une amélioration du bien-être de base pour tous.
En investissant 100 dollars US par tonne équivalent CO2, nous pourrions diviser par deux les émissions mondiales de 2019 d’ici 2030. L’argent existe, il faut réorienter son usage. Investir pour limiter le réchauffement à 2 °C coûtera moins cher à terme que la nécessité de payer les dommages causés par le changement climatique et les travaux d’adaptation. Les gouvernements et les entreprises doivent investir maintenant. Les acteurs de la finance portent une attention croissante aux risques engendrés par le dérèglement climatique mais ils opèrent trop peu pour faciliter l’accélération de la transition bas-carbone. L’intervention politique est un impératif
Ce sixième rapport dit très explicitement que le temps est compté pour tenir les 2 °C. Cela est possible en changeant d’échelle d’investissement dans les énergies pour l’industrie, les transports, les bâtiments, aussi pour la modification de pratiques agricoles et alimentaires et la protection des écosystèmes. Il est impératif d’amener nos sociétés à des changements culturels profonds. La sobriété énergétique est une clé de la réussite, l’équité sociale en est une autre.