Vous avez été ministre de l’écologie. Aujourd’hui vous êtes députée. Vous êtes parmi les toutes premières à avoir soutenu le Pacte, pourquoi ?
Parce que le Pacte Finance-Climat prouve que des marges de manœuvre économique considérables existent pour être à la hauteur de l’urgence climatique. Si aujourd’hui on n’agit pas, c’est parce qu’on ne le veut pas et non parce qu’on ne le peut pas. La démarche du Pacte est totalement cohérente avec mon engagement en faveur d’une approche intégrale plaçant les enjeux écologiques au cœur des choix de politique économique et budgétaire en France et en Europe.
Quels sont les questionnements et points d’attention que le Pacte vous suggère ?
Je souscris aux objectifs du Pacte en faveur d’un effort de financement massif d’investissements en faveur des économies d’énergie et du climat, au travers d’une sortie rapide des énergies fossiles. Il y a débat sur les modalités. La première chose à faire, c’est de mettre un coup d’arrêt au financement de la destruction. Avant de nécessiter de l’argent en plus, il faut arrêter de subventionner les énergies fossiles ou encore l’agriculture chimique, sous perfusion d’argent public.
Plutôt que de créer une nouvelle banque et un nouvel instrument, il me semble qu’il faut inscrire l’écologie au cœur des objectifs de ceux qui existent, à savoir la Banque Européenne d’Investissement, mais aussi la Banque Centrale Européenne. La création monétaire de la BCE devrait être intégralement fléchée vers la transformation écologique.
3) Lors des élections européennes la question du climat a été souvent abordée. Maintenant qu’attendez-vous des Etats européens comme décisions prioritaires et comment lever les obstacles pour qu’elles se mettent en œuvre.
Le plus urgent c’est de sortir les investissements écologiques du périmètre du critère de 3% de déficit public. Les annexes des traités autorisent cette flexibilité. Le critère de 3% appliqué à l’écologie est parfaitement absurde.
Soit on attend un hypothétique consensus à 27 États membres pour que l’Europe agisse pour le climat et pour le vivant, et on peut l’attendre longtemps ; soit on organise une avant-garde de quelques pays pionniers qui décident d’agir tout de suite. Je suis favorable, comme le Pacte Finance-Climat, à ce qu’un groupe de pays volontaires proclame l’état d’urgence climatique et organise un effort coordonné d’investissements. Cela signifie la création d’une sorte de communauté écologique européenne. Ce choix n’est pas celui d’un renoncement à entraîner l’ensemble de l’Union, mais une méthode concrète pour avancer et refuser l’inertie et le statu quo actuels.