Des paroles et des actes
Malgré la volonté affichée depuis longtemps d’engager la France (et les autres pays européens) dans la transition écologique, volonté formalisée notamment par le Grenelle de l’environnement en 2007 et la loi de transition énergétique pour la croissance verte en 2015, force est de constater que, jusqu’à présent, cet objectif politique n’a pas été tenu.
En France et en Europe, Pouvoirs publics, acteurs économiques, collectivités territoriales et citoyens n’ont toujours pas posé les bases d’un nouveau modèle économique et social, soutenable au point de vue environnemental.
On peut identifier plusieurs raisons à cet échec :
- L’offre de biens et de services adaptée à la transition écologique n’a pas encore trouvé de traduction technologique et économique satisfaisante : il faut prendre en compte le temps de l’innovation, mais également celui de la transformation des modèles d’affaires chez les acteurs de la production et du financement.
- Du côté de la demande, les représentations collectives poussent toujours vers une consommation excessive, sans que soit interrogée la valeur écologique et sociale de cette consommation. L’information des consommateurs est difficile à mettre en place, non seulement parce que les enjeux sont complexes et les impacts corrélés entre eux, mais aussi parce que nous sommes exposés aux contre-informations du marketing et des lobbies.
- Les enjeux environnementaux de long terme ont du mal à s’imposer dans l’agenda politique. Le niveau de priorités des politiques écologiques et les moyens qui leur sont alloués ne font illusion ni auprès des acteurs économiques, ni des citoyens.
Certains freins à la transition sont profonds et difficiles à surmonter, mais le Pacte Finance-Climat que nous défendons permettrait de changer radicalement la donne. Il offre aux sociétés européennes la possibilité de réussir leur transition écologique, une transition qui engendre de surcroît des bénéfices économiques (croissance, emploi, augmentation du pouvoir d’achat) et sociaux (meilleure répartition de la valeur ajoutée sur le territoire, société plus inclusive).
Quels seraient les avantages d’un Pacte Finance-Climat européen ?
- La manne financière qu’il représente comblera le fossé qui existe entre les ambitions affichées et les moyens alloués dans les budgets publics. Chaque année, le Fonds européen climat et biodiversité (FECB) que nous appelons de nos vœux pourrait, par exemple, apporter environ 8 milliards d’euros d’argent public à la France, et la Banque européenne du climat et de la biodiversité (BECB), 45 milliards d’euros de prêts à taux privilégié.
- Cette manne financière permettrait surtout d’irriguer la sphère privée, la plus apte à mettre en œuvre les projets qui vont concrétiser la transition ; de l’habitat au transport en passant par la production d’énergie, l’agriculture ou l’industrie. Le financement du Pacte Finance-Climat doit accélérer l’innovation et aider les entreprises des nouveaux services de la transition à trouver leur modèle économique.
- Le Pacte convaincra l’ensemble des acteurs, au-delà de ceux, déjà nombreux, qui sont engagés, que la transition n’est pas un vain mot, mais une réalité effective, et qu’elle sera bénéfique aux plans économique et social. Le Pacte entraînera aussi un changement dans nos comportements, en particulier dans notre consommation.