Le Pacte Finance-Climat et la Fondation des Transitions signent un accord de partenariat, trois questions à Gilles Berhault, son Délégué général.
Qu’est-ce qui a inspiré ce partenariat ?
La période récente est caractérisée par la prise de conscience, surtout des plus jeunes, des questions climatiques et plus globalement d’une grande inquiétude face à la dégradation du cadre de vie global de l’humanité. On ne peut que s’en réjouir. La manifestation mondiale, comme l’annonce symbolique de Mme Merkel d’un engagement de 100 milliards pour le climat sont des signaux forts.
Mais rien ne va assez vite et assez fort au regard du calendrier des dérèglements climatiques, même si beaucoup a déjà été fait. Les réussites sont très nombreuses dans tous les domaines et portées par tous les types d’acteurs, tant des territoires que de l’économie… mais jamais à l’échelle nécessaire. C’est justement la raison d’être du ‘think-do tank’ Fondation des Transitions : comment agir au bon niveau face à ces grands enjeux ?
La conviction que nous partageons avec le Pacte Finance-Climat est que l’humanité est en capacité de le faire… si nous n’avons pas peur d’être ambitieux, et de mettre en place des collaborations dans l’esprit du 17e objectif mondial de développement durable. Ce qui a été possible pour instaurer la paix en Europe ou sauver les banques, nous pouvons le faire pour le climat, la biodiversité, les exclusions… Nous affirmons en signant ce partenariat que la question sociale est au cœur de la transition, et que la précarité énergétique, si elle est combattue dans une approche écologique, économique et sanitaire, peut disparaître.
Pourquoi faire de la précarité énergétique une priorité ?
Les « labs » de notre cercle de réflexion et d’action s’intéressent à des sujets aussi divers et complémentaires que les indicateurs de transitions, les comportements de la génération gaming, la métamorphose numérique, la place du care… Nous avons tous été interpellés, surtout depuis un an, sur le croisement de la question sociale (notamment des précaires et de ceux qui ont peur de leur devenir) avec l’énergie. Ce sont bien sûr les gilets jaunes, mais aussi les deux canicules, de nouveaux rapports des scientifiques…
La Fondation des Transitions a ainsi proposé d’appliquer sa méthodologie de réussite des transitions avec ceux qui agissent déjà. Ils nous ont encouragés à lancer une initiative spécifique. Selon l’Observatoire Nationale de la Précarité Energétique piloté par l’ADEME, ce sont plus de 5 millions de ménages qui ne sont pas en capacité de se chauffer correctement en France.
Les conséquences sont dramatiques pour la santé, mais impactent aussi la réussite scolaire, augmentent les arrêts de travail… Sans oublier l’isolement de ces familles qui ressentent un sentiment de honte, c’est un sujet qui revient systématiquement quand on prend le temps de l’écoute des précaires énergétiques. L’État fait et veut faire plus, les territoires et les associations aussi, mais nous devons faire beaucoup mieux et plus vite ensemble.
Pourquoi demander au premier ministre le Label Grande Cause Nationale ?
Le collectif qui s’est réuni sous le nom « Stop à l’Exclusion Énergétique » le 5 septembre 2019, s’est donné comme objectif de définir un scénario pour « Sortir un million de personnes par an de la précarité énergétique », dans une démarche qui intègre écologie et climat. Pendant tout le mois de novembre des groupes thématiques vont se réunir pour élaborer collectivement un scénario chiffré, avec des objectifs et des moyens. Mais tout cela n’a de sens que si la mise en œuvre se fait rapidement. C’est d’autant plus important que nous serons, en France, en 2020 en pleine période électorale des municipales. Nous avons besoin d’agir ensemble et de l’affirmer. Faire de la précarité énergétique une Grande Cause Nationale c’est porter à la connaissance de tous une triste réalité peu audible de notre société.
Nous sommes dans un monde de communication, où chacun se dit trop souvent « à quoi bon ? ». Les cinquante premières organisations qui se sont réunies sur ce projet affirment au contraire que nous pouvons le faire, si l’État, les collectivités, les acteurs de la solidarité, les entreprises, les chercheurs, les citoyens partagent, se coordonnent et agissent de concert. Cela veut dire faire avancer les questions du financement et des modèles économiques, des compétences et capacités, des technologies… sans oublier acceptabilité et adaptabilité. N’oublions jamais que c’est une question humaine d’une grande complexité.
Je lance un appel à tous à nous rejoindre pour que la précarité devienne Grande Cause Nationale, j’appelle notamment les parlementaires de tous bords à se mobiliser.
Contact stopexclusionenergetique@gmail.com
Clip à partager https://www.youtube.com/watch?v=APkvzRRQ7qY
Plus d’informations sur www.les-transitions.org
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