Le secrétaire général de l’ONU a une nouvelle fois interpellé vigoureusement les États à l’ouverture de la COP… 4 ans après l’accord de Paris, on a le sentiment que rien n’avance… les rapports alarmistes se succèdent… qu’en pensez-vous… ?
La mise en garde d’Antonio Guterres enjoignant les représentants des 196 délégations participant à la COP 25 de ne pas apparaître « comme la génération qui a enfoui sa tête dans le sable pendant que la planète brûlait » est tout à fait justifiée. L’accord de Paris a été un succès car tous les pays se sont engagés mais cette universalité est mise à mal par le retrait annoncé des États-Unis et par la mauvaise volonté d’autres pays, Brésil, Australie, Russie … Par ailleurs, les engagements volontaires pris dans le cadre de cet accord ne sont pas suffisamment ambitieux par rapport à l’objectif de stabilisation à long terme : il faudrait, entre 2020 et 2030, les multiplier par trois pour garder des chances de rester bien en-deçà de 2°C, et par cinq pour 1,5°C. C’est d’autant plus préoccupant que le rapport spécial du GIEC publié en 2018 plaide de façon claire pour ce second objectif et que les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter.
Vous êtes à Madrid pour cette COP 25 ; Qu’en attendez-vous… ?
Un des objectifs de cette conférence est de relancer une dynamique qui conduise à un relèvement de l’ambition de l’Accord de Paris et à des engagements plus importants lors de la COP 26 qui se tiendra à Glasgow l’an prochain. Même si des négociations devraient avoir lieu tout au cours de l’année 2020, l’optimisme n’est pas de mise alors que, s’ils étaient entièrement respectés, les engagements actuels nous mettent sur une trajectoire d’un réchauffement supérieur à 3°C vers la fin du siècle. Les jeunes d’aujourd’hui auraient alors beaucoup de difficultés à s’y adapter, voire une impossibilité dans certaines régions du globe particulièrement vulnérables.
La nouvelle présidente du conseil européen Ursula Von Der Leyen vient de prendre ses fonctions, quel message souhaiteriez vous lui passer… ?
L’Europe doit se montrer ambitieuse en matière de lutte contre le réchauffement climatique et une première étape serait que tous les pays de l’Union Européenne adhèrent à l’objectif de neutralité carbone à horizon 2050. C’est une condition nécessaire, à l’échelle planétaire, pour espérer limiter ce réchauffement à 1,5°C par rapport aux conditions préindustrielles – soit un demi-degré par rapport à aujourd’hui – et préserver ainsi les capacités d’adaptation des populations et de la nature qui nous entoure dans la seconde partie de ce siècle et au-delà.