Le peu d’intérêts des économistes pour le changement climatique janvier 2020 d’Alternatives Économiques, Christian Chavagneux apporte des pistes d’explication au manque d’intérêt d’une majorité d’économistes pour le changement climatique. C’est à partir de propos d’Andrew Oswald(1), de l’université de Warwick, et de Nicolas Stern de la London School of Economics qu’il développe son article.
Les deux professeurs ne sont pas tendres avec leurs confrères : « Nous sommes désolés de dire que nous croyons que les économistes sont en train de faire échouer la civilisation humaine. » Nous savons maintenant, grâce aux travaux de scientifiques de nombreuses disciplines, que l’humanité s’est mise en danger par son modèle de développement économique. Les économistes sont donc à ce stade des intervenants nécessaires pour réorienter notre modèle de développement : quels sont les outils pour répondre à l’urgence climatique et environnementale ? Comment financer la lutte contre le réchauffement climatique ? Comment répartir la charge du financement entre riches et pauvres, entre les pays… ?
À leurs yeux, la première des causes est le besoin des économistes de publier dans des revues réputées pour être reconnus. Elles sont une dizaine sur la planète et une analyse quantitative de leurs publications indiquerait que sur 77 000 seulement une soixantaine traite du changement climatique et de la préservation de la nature. Nous serions moins mal lotis, Joseph Stiglitz a été amené à publier ses travaux liés à l’environnement en Europe !
L’autre élément réside dans le fait que depuis un siècle, les réflexions des économistes se sont écartées des aspects moraux et politiques. Or, pour Oswald et Stern « l’économie politique est centrale… Nous devons prendre en compte sérieusement la dimension éthique et de philosophie morale ».
Peut-être, comme le propose Christian Chavagneux, serait-il bon de soumettre à nos économistes modernes « les Principes d’économie politique » de l’économiste anglais John Stuart Mill qui en 1948 disait : « Si la terre doit perdre une grande partie de son agrément qu’elle doit à des objets que détruirait l’accroissement continu de la richesse et de la population, et cela seulement pour nourrir une population plus considérable, mais qui ne serait ni meilleure ni plus heureuse, j’espère sincèrement pour la postérité qu’elle se contentera de l’état stationnaire longtemps avant d’y être forcée par la nécessité. »
Les fondateurs de notre association ont eu la vision que pour répondre urgemment aux enjeux du dérèglement climatique, il fallait agir sur deux leviers centraux : la sobriété énergétique et la finance. Ce premier semestre 2020 va être crucial pour obtenir de nos dirigeants européens et nationaux une nouvelle politique économique à la hauteur de ces enjeux. C’est pour cela que nous réaliserons à Bruxelles des évènements d’envergure que nous vous présenterons prochainement.
(1) « Why are economists letting down the worldon climat change ? », voxeu.org, 17 septembre 2019, frama.link/CjwHUJun