Agir pour le Climat soutient les propositions de l’Institut Rousseau, Reclaim Finance et les Amis de la Terre France dans un nouveau rapport « Actifs fossiles – Les nouveaux subprimes ? ».
Les auteurs montrent que les 11 plus grandes banques européennes possèdent dans leurs bilans l’équivalent de 95% de leurs fonds propres en actifs fossiles (prêts, actions, obligations). Cela signifie que ces banques – par ailleurs toutes systémiques – auraient de grandes difficultés à faire face à une perte de valeur rapide de ces actifs. Or, une transition bas-carbone suffisamment sérieuse pour tenir l’objectif 1,5°C l’exige.
Cette situation contribue à bloquer la transition bas-carbone. A risque d’une transition trop rapide, les banques ont un intérêt direct à la ralentir. La finance verte – comme le montre les auteurs – est une façade masquant la réalité des pratiques des acteurs bancaires. Par exemple, les quatre grandes banques françaises « BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et BPCE détiennent 260 milliards d’euros d’actifs liés aux énergies fossiles, soit 106% de leurs fonds propres » (Lorette Philippot, co-auteur du rapport).
Afin de réellement verdir la finance tout en préservant la société d’une nouvelle crise, les auteurs proposent une solution en deux temps. En premier lieu, il s’agit de mettre en œuvre les garde-fous réglementaires à la construction de nouveaux actifs fossiles, ainsi que d’encadrer adéquatement le risque que font peser ces actifs sur le système financier. Afin de dépasser une finance auto-régulée, qui tend aujourd’hui à devenir sa propre norme, les régulateurs ainsi que la BCE sont appelés à jouer un rôle actif dans le contrôle des financements fossiles.
Dans un second temps, les auteurs proposent un dispositif original afin de gérer la nécessaire extinction des stocks d’actifs fossiles. Il prendrait la forme d’une « banque fossile », financée par la BCE, qui achèterait aux institutions financières leurs actifs fossiles sous conditions strictes de contribution à la transition écologique. Elle permettrait ainsi de lever l’obstacle à la transition que constitue aujourd’hui le système financier, du fait des risques qu’elle fait peser sur la finance, tout en contribuant à dégager des ressources considérables pour la décarbonation. L’adossement au bras monétaire éviterait de faire reposer sur le contribuable ces rachats.
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