Des élus, des économistes, des scientifiques, des universitaires… Tous proposent des plans différents, mais tous n’ont qu’un seul et même but : faire en sorte que plus un seul euro ou un seul dollar ne finance le réchauffement climatique, en particulier à travers le développement des énergies fossiles. Ces appels doivent faire passer les décideurs mondiaux de l’incantation à l’action.
Les dirigeants ne peuvent pas rester sourds aux appels qui se multiplient pour mettre la finance au service de la transition énergétique et écologique. Ces alertes viennent d’économistes, d’élus, de scientifiques et de simples citoyens désireux de voir émerger un grand plan Marshall mondial qui doit sauver le climat, et par corollaire nos économies et nos sociétés.
Une banque européenne du climat
Au niveau européen, c’est le pacte finance-climat qui propose d’organiser la mobilisation des capitaux. À l’occasion d’une grande soirée organisée le 19 février à Paris, 600 personnalités issues de 12 pays soutiennent ce projet porté par le climatologue Jean Jouzel et l’économiste Pierre Larrouturou. Ils proposent un traité visant à créer une « banque européenne du climat et de la biodiversité » (BECB), qui serait filiale de la Banque européenne d’investissement (BEI), et la constitution d’un fonds spécifique.
Ensemble, ces outils disposeraient d’une capacité de financement de 300 milliards d’euros par an. Rien de trop pour financer les objectifs européens estimés à 1 115 milliards d’euros… chaque année. Dans une vidéo (ci-dessous), les porteurs du projet rappellent qu’en 2008, les gouvernants ont su trouver 2 000 milliards d’euros pour sauver la finance et se demandent comment nous pouvons consacrer si peu
Pas de financements climaticides en France
Au niveau Français, le « projet de loi en faveur de la transparence dans l’utilisation de l’épargne populaire en matière énergétique » vise à réorienter l’argent des Français vers des projets verts. Il est présenté ce 20 février en Commission des finances de l’Assemblée nationale. Ce texte, rédigé par des députés France insoumise, socialistes et des dissidents de la République en marche, cherche à obliger les banques à expliquer ce qu’elles font des ressources collectées au titre du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire. D’où la demande de formaliser un reporting public sur leurs activités.
Dans l’exposé des motifs de la loi, on peut lire : « Nous considérons au même titre que de nombreux citoyens, qu’aucun euro épargné par les Français ne devrait contribuer à financer des projets climaticides« . Ce texte a reçu le soutien de 25 économistes académiques dans une tribune publiée sur France Info.
« Pour réussir à réduire drastiquement l’intensité carbone de nos systèmes économiques, la question du financement est essentielle et impose de cesser de financer les combustibles fossiles« , écrivent-ils. Or ils déplorent que « depuis la COP21, sur 10 euros de financement accordés par les banques aux énergies, 7 euros vont aux énergies fossiles« .
Une Amérique « Carbon free »
Aux États-Unis, c’est le plan Green New Deal qui fait écho aux appels européens. Il est porté par une des étoiles montantes du parti démocrate et élue de New-York, Alexandria Ocasio-Cortez. Comme pour le pacte finance-climat, son projet a reçu le soutien de nombreuses personnalités comme la journaliste et activiste Naomi Klein, l’ancien secrétaire des Nations Unies Ban Ki-moon, l’économiste Paul Krugman ou le démocrate Bernie Sanders.
Ce plan vise à trancher radicalement avec l’Amérique climato-sceptique de Donald Trump. Il propose 100 % d’énergies propres dans dix ans, la neutralité carbone en 2050 (comme en France) et surtout la réorientation massive des capitaux publics vers des outils de production d’énergie et de transport non émetteurs de CO2.
Le point commun entre toutes ces initiatives, pour lesquelles la bataille ne fait que commencer, est qu’elles appellent à des changements radicaux de nos économies. En ce sens, elles alimenteront les débats qui auront lieu à l’occasion des grandes élections à venir, d’abord les Européennes en mai 2019, puis l’élection présidentielle aux États-Unis fin 2020.