Bruno Léchevin, délégué général du Pacte finance climat, interpelle les chefs d’États européens pour agir contre le réchauffement climatique alors qu’un sommet européen a lieu jeudi soir.
« La question, c’est quelle politique climatique on met en œuvre et qui va la conduire », a estimé sur franceinfo jeudi 20 juin Bruno Léchevin, délégué général du Pacte finance climat, alors que cet organisme interpelle les chefs d’État européens avant un sommet qui démarre jeudi soir à Bruxelles. La nomination des commissaires européens sera évoquée mais aussi l’environnement et la préparation du sommet Action climat organisé en septembre par l’ONU. Le Pacte finance climat propose la création d’une banque européenne du climat. « Il nous faut aussi un budget dédié », complète Bruno Léchevin, également PDG de l’Ademe de 2013 à 2018.
franceinfo : Vous proposez d’investir massivement et rapidement dans « la sobriété énergétique ». Qu’est-ce que ça signifie concrètement ?
Bruno Léchevin : Cela veut dire que devant l’urgence climatique, on n’a plus le temps. Tous les événements montrent que le dérèglement climatique a de plus en plus de conséquences sur la vie des gens, ailleurs mais aussi en France. On a perdu trop de temps depuis 25 ans, on n’a rien fait. On doit non seulement changer d’échelle mais on doit aussi déclarer la guerre. Au sortir de la Première Guerre mondiale, Clémenceau disait : « Politique intérieure, je fais la guerre ; politique extérieure, je fais la guerre. Je fais toujours la guerre. » On doit être dans cette logique. On attend que les chefs d’État européens ne distribuent pas les cartes au regard des coalitions, en se demandant qui va prendre quel poste. La question, c’est quelle politique climatique on met en œuvre et qui va la conduire.
Mais pour faire la guerre, ne faut-il pas de l’argent ?
C’est le nerf de la guerre, bien évidemment. C’est pour cela que le Pacte finance climat propose la création d’une banque européenne, une proposition qu’a repris Emmanuel Macron. On voudrait que les beaux discours des campagnes électorales se traduisent en actes. On voudrait qu’Emmanuel Macron soit le leader, soit porteur de cette ambition. Cependant, au-delà de la Banque européenne du climat et de la biodiversité qui doit être créée rapidement, il nous faut aussi un budget dédié. Au-delà de la capacité à prêter de l’argent pour investir dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, les transports propres, l’agro-écologie, il faut aussi pouvoir aider et donc avoir un budget dédié.
Quel est l’objectif de cette Banque européenne du climat dont vous proposez la création ?
Elle doit être créée par les États avec des fonds propres suffisants pour avoir une dynamique et un effet levier, probablement de l’ordre de dizaines de milliards d’euros. Cela doit permettre à chaque État de bénéficier de prêts à taux très bas. On voit qu’aujourd’hui les taux d’emprunt sont à taux négatifs. Par ailleurs, il faudra un budget dédié parce qu’aujourd’hui la rentabilité n’est pas encore au rendez-vous sur toutes les problématiques. Il faut donc pouvoir octroyer des subventions si, par exemple, on veut développer massivement la rénovation énergétique des bâtiments.