Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), en prévision de la prochaine COP à Bakou, vient de publier son quinzième Emissions Gap Report qui met en évidence que l’on se dirige vers un réchauffement de la planète de 3,1° C en 2100 bien  au-dessus des objectifs de l’Accord de Paris (1,5 à 2° C), si les engagements climatiques pris par les États sont respectés, ce qui est loin d’être assuré. Rappelons que, comme l’Europe se réchauffe plus rapidement que l’ensemble de la planète, cela signifie au minimum + 4° C en France.

Simultanément, l’État vient d’annoncer la mise en consultation des différents textes programmatiques de la stratégie française contre le changement climatique : Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC), Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) et Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE).

Le projet de PNACC a été publié vendredi 25 octobre et présenté par le Premier ministre en personne à l’occasion d’un déplacement dans le Rhône auprès de personnes victimes des récentes inondations. La SNBC et la PPE, qui couvriront respectivement les périodes 2025-2030 et 2025-2033, seront en ligne le 2 novembre, avec plus d’un an et demi de retard par rapport aux prescriptions de la Loi Climat et Résilience. Les consultations dureront 6 semaines.

Les personnes morales (collectivités territoriales, associations, chambres consulaires, syndicats professionnels, organismes publics, parapublics ou privés, etc.) pourront déposer un cahier d’acteur argumenté en lien avec les documents de planification énergie et climat soumis à la concertation. Il est regrettable que cette possibilité de contribution à la SNBC et au PPE ne soit pas ouverte au grand public mais Agir pour le climat (APLC) est dans l’attente des propositions de ses adhérents pour élaborer son propre cahier d’acteur, en coordination avec les autres acteurs du monde associatif.

Cette consultation démarre sous de bien modestes augures avec un navrant débat sur le budget 2025 à l’Assemblée nationale où le projet bricolé par le gouvernement ne tient aucun compte de l’équilibre entre dette financière et dette écologique revendiqué dans son discours de politique générale par le Premier ministre, Michel Barnier. Le premier document programmatique, le PNACC, est d’une totale indigence. Il s’agit d’un catalogue de bonnes intentions dépourvu de toute recommandation concrète hormis une augmentation de 75 millions d’euros du Fonds de prévention des risques naturels, portant l’enveloppe à 300 millions. Ce n’est évidemment pas à la hauteur des enjeux. La responsabilité est rejetée sur les assureurs, ce qui n’est pas de la prévention, et sur les collectivités territoriales dont, parallèlement, le gouvernement propose de diminuer les moyens, notamment le Fonds Vert. Où est la logique ?

Si l’adaptation au changement climatique est devenue incontournable, les politiques visant à diminuer et à infléchir les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont tout aussi indispensables. Chaque dixième de degré gagné rendra l’adaptation plus atteignable. APLC sera donc particulièrement attentive aux deux autres documents programmatiques, SNBC et PPE, et à leur traduction en termes législatifs comme prévu par la loi. Là encore, l’association est demandeuse de la contribution de ses adhérents. Nous serons particulièrement attentifs à notre domaine de compétence qui est celui de la rénovation énergétique des logements, qui a été ces dernières années le parent pauvre de la politique énergétique et climatique française même si de significatifs progrès ont été réalisés ces derniers mois. Notre contribution à cette consultation sera réalisée en concertation avec les autres associations environnementales et avec les associations d’élus locaux.

Vu l’extrême gravité du sujet du changement climatique, les citoyens devraient être associés à ce type de débat. Le Président de la République a mis en place une institution chargée d’évaluer la mise en œuvre de la politique climatique française, le Haut Conseil pour le climat (HCC) qui publie un rapport tous les ans. Quel usage en fait l’État ? Le grand public ignore tout des travaux du HCC. Au-delà de la SNBC et de la PPE, il serait urgent que la lutte contre le dérèglement climatique fasse l’objet d’un grand débat populaire sur la base de faits argumentés, que le HCC produit annuellement.