La Ville de Lyon a adopté en mars un PPI (Plan Pluriannuel d’Investissement) en hausse de 20% par rapport à celui du mandat précédent. En tout c’est 1.25 milliards d’euros qui sont prévus pour la période 2021/2026 et qui participeront à la progression estimée de l’endettement de la ville de 400 à 600 millions. Le choix d’augmenter les moyens d’agir de la Ville de Lyon par une augmentation de l’endettement, est justifié notamment par le besoin urgent de répondre aux enjeux du dérèglement climatique.

Audrey HENOCQUE est première adjointe à la ville de Lyon en charge des finances, de la commande publique et des grands événements. Elle nous explique les arbitrages qui ont esquissé le PPI et le rôle que va jouer ce dernier dans la transition écologique de la ville de Lyon.

 

Pour justifier l’augmentation de l’endettement de la ville de Lyon, vous parlez d’autres types de dettes qui doivent être pris en compte : les dettes écologique et patrimoniale. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus à ce sujet ?

La domination du modèle néolibéral a imposé un prisme unique dans la gestion de la chose publique : la dette financière. Or celle-ci peut être remboursée, notamment par la ville de Lyon qui a une situation saine et un dynamisme important de ses recettes. La dette financière n’est pas en soi un objectif, c’est un outil – parmi d’autres – pour résorber deux dettes beaucoup plus préoccupantes : la dette patrimoniale et la dette écologique.

Par dette patrimoniale nous signifions que les milliers de mètres carrés de bâtiments municipaux n’ont pas été entretenus de manière régulière et atteignent parfois un état de délabrement très important! Il est indispensable optimiser l’existant pour des raisons écologiques, de bonne gestion et de confort d’usage. À cela s’ajoute les manques criant d’équipement de service public de proximité. Il nous faut donc construire des écoles (7 nouveaux groupes scolaires sont prévus), des crèches (plus de 550 places seront créées), des équipements sportifs (2 gymnases, 1 piscine), etc. pour rattraper le retard pris depuis une décennie.

Par dette écologique évidemment nous évoquons le retard très important pris dans la rénovation énergétique des bâtiments, la place prépondérante laissée à la voiture, l’artificialisation criante des sols ou le manque de végétalisation de la ville de Lyon.

Le rapport Stern en 2006 démontrait déjà que le coût d’action pour limiter le dérèglement climatique est bien moindre que celui de l’inaction. Les coûts financiers et humains sans commune mesure des catastrophes qui se sont déroulées cet été 2021 le prouvent si besoin était.

 

Le cas de Lyon est particulier puisque la ville et la Métropole de Lyon se partagent des compétences complémentaires sur un même territoire. Dans quels domaines la ville de Lyon, à travers son PPI, peut jouer un rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique et l’adaptation à ses effets ?

Notre complémentarité est une force : Compétences d’agglomération, départementales et communales sont mobilisées pour la transition écologique !
À la ville de Lyon c’est environ 1/3 de notre PPI qui est directement consacré à la transition écologique. Le principal axe est la rénovation énergétique des nombreux bâtiments publics.

Nous avons également un axe fort sur la végétalisation de la Ville : végétalisation des cours d’écoles, des rues et des espaces publics, création de trames vertes et de grands parcs urbains, renaturation des cimetières…

Nous travaillerons également à la modernisation de l’éclairage public, avec plus de 5000 lanternes qui feront l’objet d’un rétrofitage en leds et le développement de l’éclairage par détection, ou encore sur la sortie du diesel de notre flotte de véhicules.

Je pense enfin à nos projets d’investissement dans la cuisine centrale qui vont nous permettre de mettre en œuvre un nouveau marché de restauration scolaire pour une alimentation biologique, de proximité et plus végétale. La réduction, même un jour par semaine de produits carnés a un impact très important pour la préservation de l’environnement.

Pour avoir les chiffres de notre PPI, je vous invite à consulter le document de présentation.

Ville de Lyon

Végétalisation, rénovation énergétique, éclairage public… Le PPI, un outil au service de la transition écologique de la ville de Lyon.

Vous venez de l’indiquer, on sait que la commande publique peut être un levier important pour amorcer la transition écologique. Vous avez décidé de l’activer avec le Schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables (SPASER), est-ce que vous pouvez nous expliquer en quoi ça consiste ?

La loi oblige les collectivités dont le montant total annuel des achats est supérieur à 100 millions d’euros H.T à adopter un Schéma de Promotion des Achats Socialement et Ecologiquement Responsables (SPASER).

La nouvelle municipalité de Lyon est convaincue de l’importance de tendre vers un achat 100 % durable ayant un impact le plus faible possible sur l’environnement et la biodiversité, et ayant un impact social le plus positif possible sur son territoire. Cet enjeu est double : sur l’exemplarité de l’action municipale elle-même et par entraînement auprès des entreprises encouragées à développer des modes de production et de fourniture plus responsable.

Nous avons donc élaboré un SPASER qui reprend nos ambitions et qui sera présenté en Conseil municipal du mois de septembre. Il sera structuré autour de 4 axes principaux :

  1. Un achat public au service de la transition écologique.
  2. Un achat public au service d’une ville plus inclusive.
  3. Un achat public au service de la protection de la santé et d’une alimentation saine des habitant.e.s et des agents de la Ville.
  4. Un achat public au service d’un développement économique responsable et vertueux du territoire.

Pour chacun de ces axes, nous nous sommes fixés des objectifs spécifiques et des indicateurs de réussite que vous pourrez découvrir sur lyon.fr dès le mois d’octobre 2021 !

Propos recueillis par Cyril Smit