L’accession au pouvoir en France de l’extrême droite est malheureusement un scénario très possible même s’il est encore évitable. Il aurait des conséquences très graves pour l’environnement, notamment pour la lutte contre le dérèglement climatique comme pour la préservation de la biodiversité. Les intentions affichées par le RN d’arrêter le développement des énergies renouvelables, voire de démanteler les installations existantes, de mettre un terme aux programmes de rénovation des bâtiments ou de revenir sur l’interdiction de ventes de véhicules thermiques à partir de 2035, auraient des effets immédiats. Cela reviendrait à interdire à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050, à mettre en péril les 150 000 emplois du secteur des renouvelables et, aussi, à porter atteinte au pouvoir d’achat des ménages français en les privant de la possibilité d’isoler leur logement et à provoquer une hausse des prix de l’électricité.

Il y a eu peu d’évolution politique au Parlement européen à la suite des dernières élections. Les textes législatifs et réglementaires issus du Pacte vert adoptés durant la dernière mandature ne seront donc pas remis en cause. Il s’agit principalement de la directive RED III sur les énergies renouvelables, de la directive Énergie dans les bâtiments, des évolutions du système d’échange des permis d’émissions de GES et de l’interdiction de ventes de véhicules thermiques en 2035.

La question cruciale qui se pose pour la nouvelle mandature est celle de la mise en œuvre du Pacte vert et, notamment, de son financement. Si la mise en œuvre est surtout du ressort des États membres, son suivi par la Commission européenne demeure impératif comme on a pu le voir durant la dernière mandature, sans quoi le Pacte vert risque de rester lettre morte. D’autre part, il faudra, comme l’a montré le rapport Pisani-Ferry, mobiliser en France d’énormes financements publics et privés pour sa réalisation. À ce jour, aucun mode de financement européen n’a été esquissé. La coalition dominante au Parlement européen aura-t-elle la force suffisante pour s’emparer de ces problématiques et faire avancer la mise en œuvre du Pacte vert ?

Quoiqu’il en soit au niveau européen, l’action climatique reposera d’abord sur les politiques nationales. Les récentes précisions apportées par l’extrême droite, le RN et ses alliés, sur ses intentions en matière d’action climatique sont loin d’être rassurantes. Le développement des renouvelables, compétitives, disponibles à court terme et source d’emplois industriels, la rénovation des passoires thermiques ou le leasing social de véhicules électriques sont pourtant des armes très concrètes, outre leur impact sur les émissions de GES, en faveur du pouvoir d’achat des ménages français les plus modestes que le RN ne cesse de mettre en avant. Aujourd’hui, les masques sont tombés : le changement climatique n’est pas un sujet prioritaire pour l’extrême droite et le pouvoir d’achat est un leurre pour cette mouvance politique.

Dès lors, la conclusion est claire : le 30 juin et le 7 juillet, il faut empêcher l’arrivée au pouvoir du RN et ses alliés. La première démarche est d’aller voter. L’action climatique française et la préservation du pouvoir d’achat de nos concitoyens en dépendent.