Suite aux résultats des récentes élections législatives, l’association Observ’ER qui édite notamment le Journal des Énergies Renouvelables a sollicité le Président d’Agir pour le climat pour la rédaction d’un éditorial consacré aux perspectives de développement des énergies renouvelables dans le nouveau contexte politique français. Nous reproduisons ici cet éditorial avec l’autorisation d’Observ’ER.

Les élections législatives n’ont donné qu’un seul résultat clair : les Français ne veulent pas du Rassemblement national (RN) au pouvoir. Néanmoins, n’oublions pas que 10 millions de nos concitoyens ont donné leur voix au RN et à ses alliés. Le programme de ce parti aurait été un cataclysme pour l’action climatique française :

  • moratoire sur l’éolien, surtout maritime, et sur le photovoltaïque, conduisant à importer de l’électricité partiellement carbonée d’autres pays européens ;
  • arrêt de la rénovation thermique des bâtiments ;
  • TVA à 5,5 % au lieu de 20 % sur l’énergie, qui est fossile à 60 % et importée, ce qui signifierait une incitation à consommer plus d’énergies émettrices de gaz à effet de serre (GES) en provenance de pays qui ne sont pas particulièrement des amis de la France.

Belle démonstration de souveraineté énergétique !

Est-ce la raison du rejet du RN par les Français ? Certainement pas, vu la faible place occupée par l’écologie dans les débats politiques de ces dernières semaines. En 2027, si nous n’y prenons garde, l’action climatique sera à nouveau absente des débats. Préparons-nous donc à montrer à quel point les énergies renouvelables, outre leur importance pour le climat, préservent le pouvoir d’achat de nos concitoyens et contribuent au développement industriel, soit deux thématiques beaucoup abordées dans la campagne électorale.

Et maintenant, que nous réservent les prochains mois ? Le moins que l’on puisse dire est que constituer un gouvernement sera chose ardue. Et, pourtant, l’action climatique nationale ne peut pas attendre et a besoin de plusieurs textes de programmation indispensables à la trajectoire de neutralité carbone à l’horizon 2050. Il s’agit, par exemple, de la stratégie nationale bas carbone n° 3, de la programmation pluriannuelle de l’énergie 2028-2033, de la planification de l’éolien en mer en vue de l’appel d’offres de 10 GW, de la notification à la Commission européenne des objectifs de la France en 2030 ou de la transposition de la directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments. Ces textes n’ont pas nécessairement un caractère législatif et peuvent être adoptés par voie réglementaire. Le nouveau gouvernement, quelle que soit sa forme, devra publier ces textes qui, pour la plupart, sont déjà prêts depuis plusieurs mois.

Le monde des énergies renouvelables devra mettre une pression maximale sur le futur gouvernement qui risque d’être soumis à de multiples pressions et très frileux sur ces sujets, vu l’absence de consensus. Il faudra rechercher des alliances, notamment avec les associations d’entreprises consommatrices qui ont vécu difficilement la récente crise énergétique, avec des associations de collectivités comme la FNCCR, l’Association des Maires Ruraux de France ou l’Association des Petites Villes de France déjà très engagées dans la transition énergétique, ou avec des associations de citoyens comme le Cler ou Énergie Partagée. Si le RN et une partie de la droite s’opposent au développement des énergies renouvelables, il n’en est pas de même des citoyens, des entreprises et des collectivités. Les succès de l’autoconsommation individuelle ou collective ou du Fonds chaleur sont plus révélateurs que n’importe quel sondage. Il y a un puissant mouvement de fond en faveur des renouvelables qui n’est pas encore suffisamment perçu au niveau politique.

Notre secteur doit s’attendre à vivre une période réclamant une grande vigilance à l’égard du pouvoir politique et doit aussi préparer dès maintenant l’échéance 2027, s’il veut échapper au péril des mouvements populistes et irrationnels.