Agir pour le Climat se réjouit de l’engagement du Gouverneur de la Banque de France qui prend l’initiative d’étudier des stratégies pour le verdissement du système financier.

« Le changement climatique arrive, réveillez-vous ! ». Cette injonction était en 2015 dans de nombreuses bouches. Mais le 30 septembre de la même année, c’était Mark Carney, gouverneur de la Banque d’Angleterre qui avertissait les politiques et les investisseurs sur les risques « potentiellement gigantesques » pour les investisseurs et les compagnies d’assurance. Il indiquait l’urgence en concluant ainsi « Une fois que ce sera la question déterminante pour la stabilité financière, il sera peut-être déjà trop tard » (1).

Il semble bien qu’il ait été entendu avant qu’il ne soit trop tard.

Depuis 2017, à l’initiative de François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, plus d’une cinquantaine de banques centrales s’intéressent à cette question cruciale pour nos économies. Effectivement, les évènements climatiques extrêmes, sécheresses, canicules, cyclones, inondations, submersions marines vont avoir des impacts macro-économiques croissants.

Le 13 décembre dernier, à la Banque de France, dans une conférence intitulée « Changer d’ère : réchauffement climatique et finance », le gouverneur indiquait que de son point de vue le changement climatique pose de nouveaux défis aux politiques monétaires ; que les économistes commençaient tout juste à s’intéresser au problème mais que cela devenait une question stratégique (2). Effectivement, depuis 2017, le Réseau des banques centrales et des superviseurs pour le verdissement du système financier (NGFS) analyse les impacts des aléas climatiques sur les banques et les assurances. Une équipe de la Banque de France porte particulièrement son attention sur l’évaluation des politiques de transition, notamment sur l’instauration d’une taxe carbone nationale ou européenne.

Le financement énorme de la transition écologique est l’élément central de la politique d’atténuation. La mutation de la finance doit s’opérer rapidement. Quelle va être la stratégie de la Banque centrale européenne ? Christine Lagarde, sa nouvelle présidente est fortement intéressée à orienter les titres émis par la BCE vers le respect de critères environnementaux. Mais le président de la Bundesbank, la Banque centrale allemande, s’y oppose.

En conclusion de son intervention, le gouverneur de la Banque de France citait le Président Roosevelt : « adopter une méthode et la mettre à l’épreuve, cela relève du sens commun. Si ça rate, l’admettre et en essayer une autre. Mais avant tout, il faut tenter » et affirmait « Face à l’urgence climatique, cette exigence est la nôtre : nous nous devons d’agir, et de réussir. »

Nous aimerions entendre la même volonté chez nos chefs d’États et de Gouvernements européens pour engager pleinement les banques publiques d’investissement dans ce vaste chantier de la transition écologique, pour instaurer une fiscalité carbone et doter l’Union européenne d’un budget digne des enjeux.

(1) Les Echos, Étienne Goetz le 30 septembre 2015
(2) https://www.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/2019-12-13_discours-fvg-conference-climat.pdf