C’est à ces questions que doit répondre le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC). Conformément à l’article 42 de la loi Grenelle 2 (votée en 2010), le PNACC est un document produit par le Gouvernement, régulièrement mis à jour. La première édition a été adoptée en 2011, et couvrait la période 2011-2015. Début mars, le Gouvernement a publié la troisième et dernière version du PNACC.
Le PNACC 3 a d’abord fait l’objet d’une consultation publique, ouverte d’octobre à décembre 2025. Au total, on compte presque 6 000 contributions, et 176 cahiers d’acteurs ont été déposés. Cette consultation a permis de prendre en compte les avis des membres de la société civile dans la conception de la troisième version du PNACC. Vous pouvez trouver une synthèse de la consultation ici.
Le PNACC 3 est un document de 388 pages, qui comprend 52 mesures. D’après le site du Gouvernement, il “propose d’intégrer les enjeux d’adaptation de façon systématique, dans toutes les politiques publiques : (…) santé, économie, agriculture, biodiversité, éducation, travail, urbanisme, logement, transports, culture… C’est un profond changement de paradigme qui s’enclenche.”
Pourquoi parlons-nous d’un réchauffement à +4 °C d’ici la fin du siècle, sachant que l’objectif de l’Accord de Paris vise à contenir le réchauffement en dessous de +2 °C d’ici 2100 ? Ce niveau de réchauffement se base sur une prédiction du réchauffement de +3 °C attendu à l’échelle mondiale d’ici 2100 (ce qui correspondrait à +4 °C en France). Cette valeur correspond à un scénario où les politiques publiques actuelles, mises en place par les États à travers le monde, sont maintenues, et qu’aucune ne vient s’y ajouter. Certains pourraient voir ce choix comme une résignation par rapport à l’atteinte de l’objectif de l’Accord de Paris. C’est avant tout dû à un souci de prévention, afin de préparer la société à ce qui est, pour l’instant, la trajectoire de réchauffement la plus probable.
Les impacts du changement climatique sont déjà visibles. La hausse de la température est de +1,7 °C en moyenne en France depuis 1900. Pour les records de chaleur, 9 des 10 dernières années les plus chaudes ont été enregistrées après 2010. Le niveau de la mer s’est élevé de 20 centimètres comparé à 1900, ce qui provoque une érosion du trait de côte, qui impacte directement 20 % des 5 000 km de littoraux français. 11 millions de foyers sont en zone à risque face au retrait-gonflement des argiles, qui peut provoquer d’importants dégâts aux murs et au sol.
De même, le PNACC 3 relève que le réchauffement climatique va aggraver les feux de forêts. En 2024, seulement 30 % des forêts françaises sont soumises à des risques d’incendies. En 2050, la proportion augmenterait significativement, à 50 %. En 2100, les régions concernées par les feux de forêts verraient la saison à risque augmenter de 1 à 2 mois par année. De même, pour les sécheresses, elles seraient 4 fois plus fréquentes en 2100, par rapport au niveau de 1960.
Que faire pour s’adapter à ces aléas ? Comment réduire leur potentiel de nuisance ? Parmi les mesures prévues par le PNACC 3, voici les principales :
- Concernant l’assurance contre les aléas climatiques, le Gouvernement visera à inciter les assureurs à maintenir une offre assurantielle à tarif abordable sur l’ensemble du territoire et à ne pas délaisser les zones à risques. Dès 2025, le fonds Barnier sera renforcé à hauteur de 75 millions d’euros (300 millions en tout) pour les mesures de prévention des collectivités et pour mieux protéger la population face à l’intensification des évènements climatiques (inondations notamment). Un observatoire de l’assurance des risques climatiques sera mis en place pour renforcer la “transparence sur l’évolution des pratiques”. Une mission a été confiée aux inspections générales des ministères de la transition écologique et de Bercy sur le rôle du système bancaire dans le financement de la prévention des risques.
- À propos du logement, il s’agira de garder des logements confortables malgré la chaleur. Certains éléments de diagnostic évolueront et des règles et programmes de rénovation intégreront systématiquement cet enjeu. Des aides pourront être allouées pour améliorer le confort d’été via ma Prime Rénov’, les certificats d’économie d’énergie ou encore la baisse de la TVA sur ce type de travaux. Il s’agira d’identifier avec l’aide du Cerema(1) les zones urbaines concernées par les phénomènes d’îlots de chaleur ainsi que les établissements vulnérables qui s’y trouvent (écoles, EHPAD…) et d’y intensifier les actions pour réduire l’impact des canicules (végétalisation, mise en place de zones rafraîchies…).
- Pour le transport, l’adaptation nécessite des études de vulnérabilité, déjà réalisées ou en cours pour la plupart des modes de transport. Ces études doivent être finalisées en 2025 pour les entreprises publiques majeures de transport. En région, le but sera d’adopter un plan unifié pour tous les gestionnaires d’infrastructures et opérateurs de transport à cette échelle.
Vous pouvez lire un résumé de l’ensemble des mesures sur cette page.
Peu après la publication du PNACC 3, le Haut conseil pour le climat s’est auto-saisi et a publié un avis. Bien qu’il salue cette initiative essentielle pour protéger la population, le HCC constate que les effets du réchauffement climatique s’aggravent plus vite que les mesures prises pour y répondre. Il souligne un écart entre les actions actuelles et les besoins réels d’adaptation, insistant sur la nécessité de renforcer la mise en œuvre du PNACC 3 pour faire face aux défis climatiques.
Le HCC émet 24 recommandations pour améliorer l’efficacité du plan, notamment l’augmentation des moyens financiers, le renforcement de la coordination interministérielle et l’intégration de l’adaptation dans les politiques publiques. Il préconise également une meilleure utilisation des connaissances scientifiques pour évaluer les risques et planifier des mesures transformationnelles, tout en inscrivant cette politique aux niveaux européen et international. Selon Jean-François Soussana, président du HCC, la France n’est pas prête et doit accélérer ses efforts pour être véritablement à même de pouvoir affronter les impacts du changement climatique.
(1) Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement.