La taxe carbone est un dossier miné politiquement mais envoyer un signal prix aux acteurs privés demeure plus que jamais indispensable pour mieux orienter les investissements.
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La tentative du g ouvernement et de certains élus de la majorité de remettre la taxe carbone au coeur du grand débat national a fait flop, Emmanuel Macron souhaitant que l’on cesse de ne parler que de hausses d’impôts. Le sujet revient pourtant à nouveau sur le devant de la scène avec la remise du rapport Quinet sur les actions à entreprendre pour atteindre la « neutralité carbone » d’ici à 2050 .
Matignon en a fait une publicité limitée, mais le constat est implacable : la France a pris beaucoup de retard dans sa stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre depuis dix ans. Ce qui implique des actions de rattrapage soutenues.
Cela ne veut pas dire que la taxe carbone, bloquée aujourd’hui à 44 euros la tonne de CO2 , devrait remonter mécaniquement jusqu’à 250 euros (!) d’ici à 2030 – au lieu des 100 euros évoqués dans le premier rapport Quinet, en 2008. L’auteur souligne que les actions à entreprendre vont bien au-delà de la seule fiscalité et qu’il faut construire une combinaison de mesures (cadre réglementaire, subventions, investissements, etc.) qui soit « économiquement et socialement acceptable ».
Cette condition d’acceptabilité est loin d’être remplie en ce qui concerne le prix des carburants aujourd’hui. C’est d’ailleurs en creux une critique acerbe des politiques menées jusque-là. L’exécutif a trop manié l’outil fiscal et sous-estimé les mesures à prendre pour permettre aux automobilistes de changer de véhicule ou de disposer de transports alternatifs. Il n’a pas assez manié les instruments de soutien à la rénovation des logements ou au déploiement des énergies renouvelables.
L’effort d’investissement nécessaire est dès lors revu à la hausse. Mais l’ampleur des actions à engager par la sphère publique impliquera des financements qui ne sont pas disponibles. Une taxe carbone orientée à 100 % vers le financement de ces investissements environnementaux et sociaux aurait dès lors du sens et pourrait retrouver une assise politique.
Surtout, la mobilisation des investissements privés, encore plus indispensables que ceux de la sphère publique (parce que les moyens sont sans commune mesure), passera nécessairement par un signal prix croissant pour le carbone. Comme le soulignent les concepteurs du projet de pacte finance-climat européen , publié ce mardi, les ressources financières sont considérables à l’échelle du Vieux Continent mais elles ne vont pas assez vers la transition écologique. La taxe carbone au même titre que les incitations fiscales et les réglementations contraignantes sera plus que jamais nécessaire pour y parvenir.