En marge du sommet mondial sur l’IA, le procès de l’intelligence artificielle s’est tenu à la Sorbonne.

Par Raphaël Gerson, conseiller scientifique et directeur de l’expertise et des programmes de l’ADEME. Chronique On se décarbone, France Inter.

L’intelligence artificielle peut-elle sauver la planète ? La question a été posée à 300 personnes bien réelles : des chercheurs, des étudiants et des entrepreneurs réunis vendredi dernier à La Sorbonne à Paris. Ce n’était ni un cours ni une conférence, mais un spectacle mis en scène sous la forme d’un procès, où l’IA était l’accusée pour son impact néfaste sur l’environnement.

“Grace à l’IA, on peut modéliser le cycle du carbone dans les océans qui demande des milliers d’équations.” C’est le témoignage de Jacques Sainte-Marie, chercheur en mathématiques, qui a également ajouté que des modèles d’IA plus petits, spécifiques, et moins gourmands en énergie se développaient.

L’intelligence artificielle peut effectivement contribuer à la transition écologique, et il est également vrai que toutes les IA n’ont pas le même impact sur l’environnement. Le site Compar:IA mesure les bilans carbone de différentes IA pour une même requête : iIs varient beaucoup pour des réponses souvent proches.

“L’IA est un gouffre énergétique”

C’est la réponse du « procureur » et c’est exact : les émissions de CO2 de Microsoft et de Google ont respectivement augmenté de 30 et 50 % ces quatre dernières années à cause des centres de données dédiés à l’IA. Et le “procureur” en a conclu que “l’urgence n’était pas de concurrencer Chat GPT ou Deep Seek, mais de réduire largement et sans tarder les émissions de CO2”. Verdict ? “Coupable”. La majorité du jury a considéré que l’IA ne sauvera pas la planète, et qu’elle entrainera au contraire une surconsommation.

“Ce qui sauvera la planète, c’est une prise de conscience collective”, a résumé une membre du jury.

Il est possible d’échapper à l’IA

Rien ne nous oblige à utiliser l’IA pour certaines requêtes simples : une recherche internet classique peut très bien nous donner le nom d’une capitale ou l’auteur d’un livre. Et il existe également des IA dédiées à des tâches précises, comme la plateforme DeepL pour les traductions. Elles sont beaucoup moins énergivores que les IA génératives à qui on pose des questions pour qu’elles créent du texte, sans parler de celles qui inventent des images ou des vidéos.

Il est donc urgent de questionner notre usage de l’IA, car au rythme actuel, elle consommera en France près de 135 TWh en 2027 : c’est la production de 22 réacteurs nucléaires, et c’est dans moins de deux ans.