C’est pourtant ce que vous a proposé votre prédécesseur démissionnaire. Il vous a laissé sur la table un projet de budget 2025 pour l’État qui cible l’écologie comme principale ressource d’économie budgétaire : 1 milliard sur Ma Prime Rénov, 1 milliard sur le Fonds vert dédié aux collectivités, 500 millions sur le budget de l’ADEME (Fonds Chaleur et Fonds Déchets) et 500 millions sur l’électrification des véhicules.

N’ayons pas peur des mots : c’est toute la stratégie de décarbonation de l’économie qui serait remise en cause. Certes, ce projet de budget est “réversible” mais le signal n’en demeure pas moins désastreux. Le Fonds Chaleur de l’ADEME est, selon la Cour des comptes, l’outil le plus performant en termes de coût par tonne de CO2 évitée, d’importation de combustibles fossiles évitées, d’emplois créés sur le territoire national et de préservation du pouvoir d’achat des ménages bénéficiaires.

Pourquoi le remettre en cause alors que son budget 2024 est déjà insuffisant par rapport aux besoins identifiés ? Ma Prime Rénov et le développement des véhicules électriques connaissent leurs premiers succès et sont des maillons indispensables à l’électrification de l’économie, condition de la décarbonation du fait de la faible teneur en CO2 de l’électricité française. Pourquoi remettre en cause ce décollage confirmé par les évaluations du CITEPA concernant les émissions territoriales françaises de gaz à effet serre ?

Enfin, le Fonds vert accompagne les collectivités de tous niveaux dans la mise en œuvre de ces différents dispositifs. Les citoyens, les collectivités et les entreprises ont besoin de signaux positifs pour continuer leur engagement de plus en plus massif dans la transition écologique.

Monsieur le Premier ministre, votre passé nous incite à croire que vous ne pourrez endosser cet aspect du projet de budget 2025. Vous avez œuvré à de nombreux aspects très positifs de la politique environnementale française. Vous avez notamment été l’initiateur du projet d’Institut National de l’Énergie Solaire (INES) en 1997. L’INES est aujourd’hui un acteur essentiel du spectaculaire développement de l’énergie solaire en France et la profession du solaire vous en est reconnaissante. Je suis convaincu que vous ne pourrez accepter de porter devant le Parlement cette proposition de restriction budgétaire portant sur l’écologie et visant à aggraver notre dette écologique. La Loi de finances 2025 fera l’objet d’un vrai débat parlementaire, ce qui n’est plus arrivé depuis plusieurs années, mais il serait plus efficace que le débat porte sur un texte plus rationnel que celui que vous avez trouvé sur votre bureau en prenant vos fonctions. Je ne nie pas l’importance de réduire le niveau de la dette de notre pays mais ce n’est pas à l’écologie d’en porter le fardeau.

Quand ce débat budgétaire crucial sera bien engagé, il vous faudra vous saisir des différents documents programmatiques, déjà bien préparés par vos services et notamment par le Secrétariat général à la planification écologique  la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie et la Stratégie Nationale Bas-Carbone. Tous les acteurs de la transition écologique sont en attente de ces textes, qui doivent donner de la visibilité à tous, et auxquels ils ont déjà beaucoup contribué dans les nombreuses concertations organisées ces derniers mois.

L’urgence climatique n’a pas diminué en 2024 et nous sommes nombreux à attendre vos décisions pour poursuivre et amplifier nos actions avec l’État dans cette transition, non dénuée de difficultés, mais indispensable.