En décembre dernier, Agir pour le climat a participé à la consultation sur la troisième Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE 3) en soumettant son cahier d’acteur, enrichi de vos contributions. Il y a quelques semaines, le Haut Conseil pour le Climat (HCC), organe indépendant d’évaluation de l’action climatique du gouvernement, a publié un avis détaillé sur le plan du Gouvernement. En voici une synthèse.

La PPE 3 définit les priorités énergétiques sur deux périodes de cinq ans, et doit permettre à la France d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 (tout en répondant aux objectifs de diverses directives européennes). Si l’avis du HCC reconnaît les avancées de ce projet, il alerte sur le fait que l’ambition n’est pas suffisante pour répondre efficacement à l’urgence climatique. C’est un constat préoccupant, sachant que l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, dépassant de 1,5 °C le niveau préindustriel.

En 2023, les énergies fossiles représentaient encore 57 % de la consommation finale d’énergie en France, tandis que l’électricité décarbonée, majoritairement d’origine nucléaire, comptait pour seulement 27 %. Ces chiffres montrent l’ampleur de la tâche à accomplir pour réduire la dépendance aux énergies fossiles, notamment dans les secteurs des transports, du résidentiel et de l’industrie. D’après l’avis du HCC, les trajectoires pour réduire l’utilisation du gaz et du pétrole manquent de clarté, et les subventions aux énergies fossiles persistent.

Le secteur des transports est identifié comme un levier majeur de décarbonation. La stratégie actuelle propose des objectifs ambitieux pour développer une mobilité propre, par exemple en triplant le covoiturage d’ici 2027 ou en doublant la part du fret ferroviaire d’ici 2030. Cependant, le manque de précisions sur le financement et la mise en œuvre des mesures compromet leur réalisation. Il y a un plan, mais il n’y a pas de moyens. C’est encore pire pour le secteur aérien, avec une hausse de +18 % d’ici 2030 prévue pour les voyages internationaux…

Un autre point crucial soulevé par le HCC est l’aspect social de la transition énergétique. Le rapport précise que la transition énergétique ne pourra réussir que si elle est socialement équitable et accessible à tous. Le HCC recommande ainsi de “poursuivre les efforts d’accélération de l’accompagnement des ménages vulnérables pour les sortir de la précarité énergétique dans les parcours de rénovation globale performante, avec des aides visant un reste à charge nul pour les ménages les plus précaires”. Le HCC alerte également sur l’arrivée du nouveau marché carbone européen (ETS2), et suggère de rehausser le chèque énergie pour protéger les ménages à bas revenus.

Enfin, le Haut Conseil pour le Climat insiste sur l’importance d’une gouvernance renforcée et d’une meilleure coordination entre les différentes politiques énergétiques et climatiques. Il souhaite que “l’ensemble des objectifs et des mesures proposées soient opposables” et que le Gouvernement adopte “une gouvernance renforcée de la SFEC [Stratégie française énergie-climat] au niveau du Premier ministre, dans le cadre de la planification écologique”. C’est d’autant plus important après la démission soudaine d’Antoine Pellion, qui était à la tête du Secrétariat général à la planification écologique.

Bien que la PPE 3 marque des avancées importantes, le HCC considère qu’elle manque encore d’ambition et de clarté pour répondre aux enjeux climatiques actuels. Des mesures plus concrètes, un financement stable et une gouvernance renforcée sont essentiels pour que la France puisse tenir ses engagements climatiques tout en garantissant une transition efficace et équitable.